36ème RALLYE ANTIBES-AZUR
LA CHASSE AU RESQUILLEUR

On pourrait se laisser quelque peu glisser vers une certaine routine vis à vis de ce Championnat de France des Rallyes 2001 en employant l'expression couramment utilisée du type "on prend les mêmes et l'on recommence"... Mais cette locution n'a pas pu exactement s'appliquer cette fois-ci à cette manche comptant également pour le Championnat d'Europe.

Après un Rouergue palpitant, un Mont-Blanc sans grande surprise et un Touquet relativement gras et riche en rebondissements, on aurait aisément pu compter sur la présence de Jean-Marie Cuoq, le P'tit Ardéchois qui sait si bien maintenant s'intercaler parmi les grosses pointures dans les premières lignes d'un classement scratch...

Preuve encore que les manches se suivent mais ne se ressemblent pas toujours, la Peugeot 306 Maxi toute blanche du bûcheron de Borée est sagement restée dans son garage sur les contreforts du Mont Gerbier de Jonc. Cela après sa déconvenue lors de son dernier déplacement dans le Pas de Calais.

Pour reprendre les termes de certains aficionados, malgré les nombreuses restrictions budgétaires et les divers remaniements réglementaires de ces dernières années, le Rallye d'Antibes-Azur fait encore et toujours figure de "gros calibre". Une épreuve qui ne s'aborde pas à la légère. Un "gros morceau d'escapade" dans l'arrière-pays Niçois qui peut très rapidement se transformer en aventure digne de ce nom. Du "grand sport" pour ceux qui n'affectionne pas tout à fait les routes tourmentées des Alpes-Maritimes. La tradition à véritablement bon goût...


Incontestablement un grand rallye aux spéciales de légende. Des appellations évocatrices de records qui n'ont absolument rien à envier à nos tracés Ardéchois ou Drômois. C'est toujours pour notre équipe un réel plaisir de se rendre dans ces lieux chargés d'histoires et d'anecdotes automobilistiques...

Ainsi va la vie et l'on a renoué avec le combat incessant de David contre Goliath, enfin, disons plutôt Pascal contre Sébastien. La grise contre la rouge, le lion opposé aux chevrons... L'histoire ne fut pourtant pas des plus belles avec la casse totalement imprévue du moteur du Montpelliérain Enjolras, tout juste trois spéciales avant la fin du rallye. Ce fait laissant l'Alsacien Loeb rallier tranquillement le parc fermé d'arrivée de Juan Les Pins en cavalier seul, lui permettant ainsi de remporter par avance sur la fin de saison le titre 2001 de Champion de France des Rallyes.

Mais ce qui aura le plus marqué ce week-end sportif c'est bel et bien l'affaire Jordan. N'ayons pas peur des mots en employant le terme "affaire" car pour moi personnellement s'en fut bien une ! En quelques mots voici justifié le titre de cette page. Enfin, une histoire qui ne bouleversa pas la face du monde mais un acte qui met un point d'honneur à clairement souligner qu'il faut sans cesse se méfier tout particulièrement de certains agissements pouvant paraître au premier abord tout à fait anodin et sans grande conséquence.

Je me souviendrai donc encore pendant longtemps de ce pilote à qui j'avais accordé ma pleine confiance, et qui avait même pris la peine de me préciser de vive-voix que tout allait très mal pour lui, avec notamment un moteur qui avait largement surchauffé dans les kilomètres précédemment parcourus dans le Col de La Couillole. Serge Jordan avait parcouru la partie descendante de la spéciale au point mort et semblait tout proche de déclarer son abandon en franchissant le point stop.

En le voyant stopper à l'extrême limite de la fin de zone, tout de suite après le Point Stop de cette mythique épreuve chronométrée, non loin d'ailleurs du carrefour routier de Beuil resté ouvert à la circulation automobile du public, j'avais bien constaté que la Renault Clio grise n'allait pas pouvoir s'extirper de cette mauvaise posture par ses propres moyens. Cette portion de route étant montante dans le sens de la course ! Aussi je n'avais pas du tout imaginé à cet instant que le Normand allait ouvertement recourir à un moyen de dépannage tout à fait illicite afin de continuer sa course...

En effet, après quelques démêlés avec son assistance par le biais du téléphone portable, à mon insu le plus complet, un remorquage des plus bénéfiques a été organisé par l'une de ses voitures d'assistance venue discrètement se porter à son secours depuis le parc d'assistance voisin. Malheureusement absorbé dans ce laps de temps par de nombreux problèmes de transmissions informatiques et notamment accaparé par des impératifs de sécurité liés au déroulement de la compétition en cours, je n'ai pas pu avoir l'oeil suffisamment aguerri et vigilant pour déjouer cette supercherie qui a permis à Jordan de ramener par la suite sa Clio affaiblie et meurtrie vers le parc de regroupement de Valberg.

Je n'ai pris connaissance de ces méfaits que bien plus tard par l'intermédiaire de quelques spectateurs qui furent quant à eux témoins de la scène. Parallèlement et bien malencontreusement aussi, aucun autre officiel en fonction dans les environs immédiats de notre poste n'a pu déceler la supercherie et rédiger un rapport circonstancié sur ce fait de course. L'action s'étant déroulée pour ainsi dire "sous notre barbe"... En résumé, Jordan à tout bonnement bénéficié du "pas vu pas pris"...

Le Savoyard Philippe Mermet sur Peugeot 306 Maxi aura
eu "quartier libre" en l'absence de Jean-Marie Cuoq et
s'adjugea la troisième du podium final. Il fut cependant
devancé à l'arrivée par le Niçois Michel Boetti (Citroën Saxo
Kit Car) avec un écart de 4 minutes et 8 secondes.
Eric Rousset pilotant une Peugeot 306 S16 était secondé par
Maud Caillat. A noter que le Papa de la Fifille, grand patron du
Rallye de Saint Marcellin, était lui aussi dans les parages en
tant que suiveur attentif. De là à ce qu'il n'aligne pas lui-même
sa BMW M3 au départ d'une future édition de ce fameux rallye...

Le local Dominique De Meyer qui fut un animateur très assidu du Grand Championnat pendant de longues années sur une BMW M3 aux couleurs de Car 3001, s'est désormais tourné vers une voiture à traction avant avec la Renault Mégane Maxi. Les bons résultats ne viennent pas très souvent récompenser ses prestations et le policier de service s'en est allé cette fois-ci par la petite porte de l'abandon au cours du dernier passage dans le Col de Bleine du dimanche matin. L'ES 13 ne lui aura pas porté bonheur ni réconfort...

Une scène désormais courante lors de rallyes automobiles. L'assistance étant interdite entre certains longs secteurs chronométrés il faut parfois se débrouiller avec les moyens du bord. Pilote et copilote se transforment alors en mécanos sur les bords des routes dès le terme de la spéciale.

Ici Serge Jordan jouant de nouveau avec cette particularité de la réglementation. A cet instant l'événement avait déjà bien donné du fil retordre à la Direction de Course.

L'affaire Jordan s'était donc jouée dans mon dos et faute de pouvoir témoigner en ayant constater un flagrant délit et une irrégularité sportivement pénalisable, Jordan se sera ainsi hissé à la sixième place du général.

Bon nombre de suiveurs avertis sont persuadés qu'il a commis une grave faute et que ce méfait lui a été grandement bénéfique voire salutaire. La direction assistée de sa monture était défectueuse et la pompe à eau avait largement grillé dans l'ascension du Col de la Couillole. Jurons sagement entre nous que tôt ou tard les Grand Dieux du sport automobile sauront retourner la situation à son encontre et que monnaie de sa pièce lui sera rendue... A bon entendeur, salut Monsieur Serge !

L'Irlandais Patrick Elliott venu concourir sur les terres du
Sud-Est de France au volant de sa Subaru Impreza WRX.
Un peu déroutante au premier abord la conduite à droite
pour les Commissaires de Route chargés de l'inscription
sur le carnet de bord de l'équipage...
L'équipage Belge de Dominique Bruynel sur Toyota GT Four
(quatrième au scratch à 14' 10" de Loeb) s'est aussi adonné
à la pratique du "je bricole moi-même" entre deux chronos.
Les pneumatiques n'apprécient pas toujours très longtemps
l'endurance sur des revêtements relativement dégradés et sales.

Les régionaux ne manquent jamais cette magnifique occasion
de venir se frotter aux animateurs nationaux. Mais parfois,
malgré une bonne connaissance du terrain et bien souvent
à la d'un excès d'optimisme on va tout droit à la faute.
Trop large Monsieur la R 5 Turbo ?
Lorsque j'évoque le réel plaisir d'être dans un
environnement enchanteur pour la pratique du sport auto,
je ne vous présenterai que cette image des Clues d'Aiglun
saisie à quelques encablures seulement de l'arrivée
de cette spéciale mythique du Col de Bleine.