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Les précurseurs

Alors qu'en 1950 certains annoncent la fin du vélo jusqu'à prononcer des oraisons funèbres, le "petit cheval" cher aux Chinois revient aujourd'hui au galop. D'abord acrobatique, la bicyclette met une soixantaine d'années à trouver son allure définitive. En 1817 le Suisse Drais Von Sauerbronn invente la machine â courir. Baptisé plus tard la Draisienne, cet ancêtre du vélo est composé d'une poutre reliée a deux roues. Assis sur un siège, le conducteur fait avancer le tout a grandes enjambées. Un engin pas vraiment confortable qui conduit, en 1861 le Français Pierre Michaux, serrurier de son état, à fixer une paire de pédales sur l'axe de la roue avant pour la faire tourner comme une meule. Il donne ainsi naissance au premier vélocipède.
La démesure des débuts

Il faut cependant, pour accroître la distance parcourue a chaque tour, augmenter le diamètre de la roue motrice. Cette contrainte aboutit a la construction de machines plutôt loufoques, surnommées grands-bi : La roue avant est démesurément grande jusqu'à 1,50 m de diamètre par rapport à la roue arrière, qui ne sert qu'a maintenir l'équilibre. La bicyclette, telle que nous la connaissons, apparaît vers 1885. équipée de roues de dimensions raisonnables et identiques, et d'une traction arrière par chaîne, il ne lui manque plus que le dérailleur, qui permettra de changer de développement et d'adapter la cadence de pédalage sans plus avoir à mettre pied a terre.
Les aristocrates tournent en rond

Monter sur un vélocipède est d'abord un fait très marginal. Objet de luxe, le vélo est réservé à l'aristocratie et à la grande bourgeoisie qui, organisées en clubs, vont apprendre à "vélocer" avec élégance. Car, enfourcher un vélo, pour tenter de rouler avec, relève de l'exploit. L'absence de fiabilité technique, de systèmes de freinage efficaces, l'état des chemins et le manque d'habitude ne manque pas de déconcerter les premiers vélocipédistes, sujets de moqueries et cibles des caricaturistes Mais, malgré les réticences et des manifestations de vélophobie (particulièrement lorsque les cyclistes sont des femmes), les commerçants attirent le public en proposant de petites salles d'entraînement.
L'âge d'or du vélo

Très vite alors, la bicyclette s'impose et se démocratise vers 1910 grâce à la fabrication en série. Synonyme de progrès, offrant une nouvelle liberté, le vélo devient ainsi le compagnon des masses populaires, l'outil de travail des ouvriers, des employés, des postiers... L'impôt annuel qui pesait sur le vélo est alors abrogé en 1930 et remplacé par une taxe à l'achat. En effet, depuis 1893, les cyclistes devaient s'acquitter d'un droit d'abord une participation de dix francs par an, puis l'achat d'une plaque annuelle fixée à l'avant du guidon. Cet impôt a servi à améliorer l'ensemble du réseau routier et à désenclaver les campagnes. Les paysans sont pourtant au départ largement réfractaires à la bicyclette, qu'ils associent à la modernité urbaine et industrielle. Mais devant son utilité et le phénomène du Tour de France, le monde rural se laisse griser par les charmes de la petite reine. Objet du quotidien, qui aura permis l'émancipation sociale et favorisé les rêves d'évasion d'une partie de la population, la bicyclette roulera ainsi vaillamment jusque dans les années 1950, Là son entrain sera stoppé par les velléités de l'automobile, qu'une certaine 2 CV à su accélérer. Il faudra attendre l'essor du mouvement écologique des années soixante-dix pour que la bicyclette retrouve les faveurs du macadam. Silencieuse, non polluante et bénéfique pour la santé, elle bénéficie d'un regain de popularité, tant en instrument de loisirs que moyen de locomotion usuel. Synonyme aujourd'hui d'une nouvelle façon de vivre, elle permet également à la Chine ou à la Hollande de pallier en partie les problèmes de circulation des citadins.